Ces dispositifs deviennent ainsi ceux de la « biopolitique » telle qu’exposée par Michel Foucault à la fin du siècle passé. Celle-ci ne s’adresse plus au corps individuel, mais « à la multiplicité des hommes comme masse globale affectée de processus d’ensemble qui sont propres à la vie », c’est-à-dire à la population conçue comme un tout.
Or, la technologie permet précisément de répondre à ces impératifs, puisqu’elle assure une prise en compte globale de la population, chaque individu se trouvant réduit à un ensemble de données, dont la gestion peut être opérée quasi-automatiquement.
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Les nudges ne sont pas seuls responsables de cette apparente absence de contestation. C’est ici le phénomène d’accoutumance (le terme est notamment employé par le sociologue Armand Mattelart) qui doit être observé, facilité par l’impatience de sortir enfin un jour de la crise sanitaire et celle du tant promis retour à la vie antérieure. La technologie est partout dans notre quotidien, et les mesures de surveillance tendent également, qu’elles soient sanitaires ou sécuritaires, à se banaliser. Le fichier sanitaire devient un parmi d’autres, le passe sanitaire un contrôle de plus lors de déjà fastidieux passages aux frontières, tandis que l’application trouve sa place au milieu de toutes celles installées chaque jour sur nos téléphones.
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Si le passe sanitaire a pu être validé par la CNIL et le Conseil d’État, c’est avant tout grâce à son champ d’application limité. Pourtant, quelques mois plus tard, il est très largement étendu. Trop tard : l’outil est déjà en place.
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Si le passe sanitaire a pu être validé par la CNIL et le Conseil d’État, c’est avant tout grâce à son champ d’application limité. Pourtant, quelques mois plus tard, il est très largement étendu. Trop tard : l’outil est déjà en place.
La même technique avait déjà été à l’œuvre pour l’application TousAntiCovid, dont les fonctionnalités n’ont fait que croître, et est très largement mise en application pour certains fichiers sécuritaires.
Cette habitude peut être dangereuse. Elle conduit en effet à progressivement déplacer la barrière de l’intolérable, et à accepter toujours plus de dispositifs de surveillance dans nos vies.
Si la période exceptionnelle peut bien sûr justifier certaines atteintes aux libertés et des outils inédits, il faut sans doute ici plus que jamais rappeler les risques de l’effet « cliquet », bien connu en matière sécuritaire, qui interdit tout retour en arrière.
https://theconversation.com/les-risqu...ques-de-surveillance-sanitaire-164656
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@NDA: ça fait une an qu'on le dit déjà...
https://www.slate.fr/story/208865/mas...s-1-pourcent-contaminations-exterieur
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Pour rendre le processus de prise de décision en situation d’incertitude plus efficace, nous suggérons également que les différentes incertitudes soient reconnues et communiquées de manière transparente. Par exemple, illustrer, quantifier et discuter des multiples sources d’incertitude peut aider les décideurs à mieux comprendre l’impact potentiel de leurs choix.
En outre, si les décideurs sont responsables de prendre des décisions, ils sont aussi responsables de la communication envers les professionnels et le public. La manière dont les individus réagissent aux conseils et aux mesures préconisées apparaît donc aussi vitale que les mesures gouvernementales elles-mêmes, sinon plus. La communication devient ainsi un élément essentiel de la réponse politique à l’incertitude.
Alors que les stratégies ont été largement débattues dans les médias et que les modèles sont de plus en plus examinés, une leçon à tirer de l’expérience de la gestion de la Covid-19 peut être que les décideurs et les experts doivent accroître la transparence de leurs approches. L’utilisation des concepts de la théorie de la décision dans l’élaboration des politiques, même de manière informelle, aidera à assurer une navigation prudente dans l’incertitude qui imprègne cette pandémie.
https://theconversation.com/fermeture...endre-une-decision-rationnelle-154083
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